A propos de travail "Sous chaque arbre, une feuille", dans le cadre de "la science de l’art", Conseil général de l’Essone, 2011
Evelyne Coutas :
« Prendre un arbre
Choisir une feuille.
Transférer celle-ci manuellement
par écrasement et frottage sur un
support photographique.
Insoler à la lumière solaire. »
Les mathématiciens parlent souvent de la nécessité de l’expression poétique pour dire leurs travaux. La botanique, la physiologie végétale et l’écologie ont besoin elles aussi de mettre en œuvre, un autre langage que celui du cognitif et de la raison pour révéler leurs intuitions et la complexité apparemment harmonieuse du monde vivant.
L’art permet d’établir un lien sensible entre les objets de ce savoir et les hommes, de stimuler leur intérêt et d’éveiller leur curiosité.
Réciproquement, les avancées scientifiques vers la connaissance intime de notre univers permettent d’entrouvrir des portes sur des mondes à explorer où les artistes peuvent trouver des espaces nouveaux de création et d’expression.
On peut ainsi s’interroger, en généralisant au monde vivant, avec Lamartine : « objets « inanimés » avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
L’Arboretum municipal Roger de Vilmorin, espace d’identité culturelle et patrimoniale de la Ville ainsi que de savoir, était tout désigné pour être le lieu d’une rencontre entre l’Art et la Science.
L’observation d’échantillon vieux de plus de deux cent ans de l’Herbier Roger de Vilmorin a révélé une expression du métabolisme des végétaux et en particulier des feuilles.
Celles-ci sont un des organes phares de l’arbre. Elles en écrivent les variations d’état au cours des saisons et du temps. Elles traduisent sa variabilité et sa biodiversité. Enfin, elles assurent un des actes essentiel du monde vivant en fixant l’énergie solaire et en la transformant en sucre qui est le carburant majeur de la vie.
La feuille peut être ainsi assimilée au blason de chaque espèce végétale et plus encore de chaque arbre.
Dans l’arboretum, où chaque arbre a une histoire qui nous renvoie à la nôtre, cet emblème prend un intérêt tout particulier. Elle s’est ainsi imposée pour jouer les premiers rôles dans la rencontre entre la photographie et la biologie végétale qui fait l’objet de l’exposition qui vous est présentée ici.
Feuille de chêne d’Amérique ou d’orme de Sibérie, feuilles mortes ou feuille jaunissante de l’automne, feuille de la litière ou feuille d’herbier, feuille de végétaux plus ou moins vigoureux, le travail d’Evelyne Coutas transcrit, transcende, révèle et accentue l’intimité physiologique du végétal et sa rencontre avec la lumière.
Christian Sifre,
phyto-sociologue et éco-conseiller.
Voir dans le portfolio "Sous chaque arbre, une feuille"
Voir l’exposition de Verrières, 2011
Voir l’exposition du mois de la photo 2014, Romford