Sous chaque arbre, une feuille par Karine Maire, auteure, 2011.

Évelyne Coutas capture les empreintes du soleil.
À tour de rôle, l’astre se révèle sous la légèreté de limbes palies, lueur d’un contre-jour ou incandescence. Silhouette blanche sur fond noir ou éclat de forme évaporée en rose thé, la source de lumière est outil et matière.

L’artiste a réalisé cette étude photographique à l’Arboretum de Vilmorin à Verrières-le-Buisson, avec le concours du botaniste et phytosociologue Christian Siffre. Elle a exploré la qualité des différentes variétés de plantes à travers des silhouettes, reliefs ou transparences, en faisant apparaître le dessin des nervures, le tissu ou l’épiderme de la feuille. En écrivant avec le soleil, elle a laissé la marque d’une autre empreinte, la brûlure qui cerne la feuille du Ginko Biloba, seul arbre ayant survécu à la bombe atomique d’Hiroshima.

Dans cette étude présentée tel un herbier délicatement saisi sous verre, l’artiste revisite un procédé photographique, le photogramme, pour révéler ce qui est de l’ordre de la substance et de l’insaisissable. Ce dispositif qui n’utilise ni pellicule ni appareil photo ni chimie traditionnelle fait intervenir le papier photographique, réagissant à la lumière en fonction des corps déposés et déplacés.

Évelyne Coutas exploite les propriétés de ce papier sensible à la lumière naturelle dans sa relation à la substance même du sujet et joue avec le temps d’exposition ou de solarisation pour obtenir des contrastes tantôt durs, tantôt nuancés. Grâce au contact direct de la feuille sur le papier, l’objet fait écran à la source de lumière et s’imprime en négatif ou demi-teintes selon les temps de pose et d’insolation répétés. Dans différentes compositions, les éléments se chevauchent en éventail ou s’éclipsent en petits pas évanescents.
À travers un savoir-faire simple et accessible, elle cherche à révéler l’essence même du médium photographique et à rendre sensibles les traces à sa source.

Dans cette série « Sous chaque arbre, une feuille », elle retrace le parcours d’un geste élémentaire, celui de récolter les variations d’intensité et de lumière.

Karine Maire
in Catalogue « Biennale la Science de l’art 2011, la lumière »
Conseil général de l’Essonne
Voir dans leportfolio "Sous chaque arbre, une feuille"
Voir l’exposition de Verrière, 2011
Voir l’exposition du mois de la photo, Romford 2014