Après le temps du feu d’artifice institutionnel des « avants-gardes à répétition », nous vivons le temps incertain et passionnant des recherches en profondeur et de l’éclatement des frontières interdisciplinaires. Le support, qu’il s’agisse du matériau ou de la théorie, a repris sa place naturelle — celle d’un outil, d’un moyen, d’un repère — et les configurations, les constellations d’éléments sensibles capables de s’organiser en espaces cohérents pourvus d’épaisseur et de densité, porteur de sens, structure le champ d’un nouveau discours expressif et émotionnel.
À travers l’oeuvre d’artistes de quatre pays (Évelyne Coutas, Joep Neefjes, Patrick Neuhauser, Octavio Pawel, Cesario Rachador, Stephan Reusse, Dagmar Sippel, Jean-Bernard Soudères), fidèle donc à sa vocation internationale, Diagonale/Espace critique met en évidence un choix bien précis : s’assumer dans l’essentiel ; ouvrir vers le fascinant ; témoigner des débordements et des ruptures créatrices.
Trois vecteurs essentiels de cette exposition.
Les photos-installations : l’espace y devient la structure porteuse de la vision. L’image entoure le spectateur, exige le déplacement du regard, invite à la perception éclatée, joue sur le flash topologique. La véritable compréhension ne viendra qu’après la reconstruction mentale et aléatoire du dispositif codé qui nous est proposé.
Les photos performances : espace, durée, actions, traces, sens, en définitive, que dans la projection de l’action vécue collectivement (et de sa mémoire) sur les traces cryptiques qu’elle aura produites.
La représentation du corps : foyer historique des interdits et des transgressions, analysés ici dans le cadre des codifications ambigües et changeantes, multiformes, insaisissables. Le corps d’action et le corps d’attente, corps enveloppant ou palpitant. Surface ou abîme.
Egidio Alvaro,
critique d’art, AICA
in catalogue du mois de la photo 1986
Voir dans le portfolio "La chambre obscure" 1983_85
Voir l’exposition Cazerna II, Musée Denys Puech, Rodez, 1989